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mardi 8 novembre 2022

Vision de la Paracha - Vayera

 


Jadis, bien longtemps avant que n’existent les mandats politiques et les candidats de droite et de gauche, un débat d’une tout autre nature se tint sur la scène biblique.


Ce débat opposait Ismaël et Isaac. Le thème : la circoncision.


« Tu vois, dit Ismaël, je suis plus précieux que toi aux yeux de D.ieu, puisque j’avais treize ans quand on m’a fait la circoncision. »


« Je ne suis pas d’accord, répondit Isaac. J’étais âgé de huit jours. C’est beaucoup plus fort. »


Vous savez quoi ? Si je n’étais pas le petit-fils d’Isaac, je pense que je prendrai le parti du grand-oncle. Regardons les choses en face. Ismaël semble avoir un argument de poids.


Il avait le choix. Il a senti la douleur. Voilà un homme qui a choisi de servir D.ieu. C’est une réalité.


Qu’est-ce qu’une alliance ?

Isaac, d’un autre côté, portait des couches. Huit jours. Que savait-il ? De plus, il n’a rien senti (enfin, presque).


Le mot hébraïque pour désigner la mitsva de la circoncision est brit, qui signifie « alliance ».


Qu’est-ce qu’une alliance ?


Deux amis qui s’apprécient mutuellement décident de franchir une nouvelle étape. L’un se tourne vers l’autre et lui dit : « Maintenant, c’est extraordinaire. Tout va vraiment bien. Mais il peut arriver un moment où l’on ne ressentira plus le même attachement. Il peut arriver que tu ne m’intéresses plus. Les qualités que j’ai appréciées chez toi et celles que tu as appréciées chez moi peuvent s’estomper ou disparaître. Que se passera-t-il ? »


Alors, ils font un pacte, ils contractent une alliance. Un engagement inconditionnel que, quoi qu’il arrive, ils seront toujours là l’un pour l’autre.


Ils prennent une relation qui a était limitée par la raison et la rendent illimitée et pure. Ils prennent quelque chose du domaine du conscient et l’amènent à celui du subconscient ; ils le font passer de l’extérieur à l’intérieur et, finalement, à l’éternel.


« Ce jour-là, D.ieu conclut un pacte avec Abraham... » (Genèse 15,18).


D.ieu : Aujourd’hui, je suis amoureux. Tu es mon bien-aimé. Tu débordes de foi, tu es un modèle de sacrifice de soi, un homme épris de D.ieu, rempli de bonté...


Un temps viendra, cependant, où tes enfants auront un air quelque peu différent. Ils se rebelleront et se lamenteront, ils ignoreront et oublieront. Ils Me seront infidèles, et récidiveront. Ils s’enfuiront, ils se cacheront, ils tenteront de s’assimiler.


Que se passera-t-il ? 


Abraham : Et qu’en est-il de l’Égypte et de Pharaon, des 40 ans dans le désert, des guerres qui se suivront sans fin, de l’expulsion de la Terre Sainte, de la destruction des deux Temples, de l’exil qui succèdera à l’exil, de l’Inquisition espagnole, de la persécution et de l’oppression, des cosaques et des croisades, des ghettos et des pogroms, des étoiles jaunes, de la Nuit de Cristal et d’Auschwitz, de l’Intifada et des roquettes Katioucha, des missiles et des terroristes kamikazes ? De ma petite Shalhevet... ? Que se passera-t-il ?  « Ce jour-là, D.ieu conclut un pacte avec Abraham. »


Un pacte inconditionnel. Un engagement impérissable. Un lien éternel. « Ceci est l’alliance que vous garderez, entre Moi et vous, et ta postérité après toi : tous les hommes seront circoncis. »


Les empreintes digitales limitées d’un être humain n’ont pas leur place dans le monde d’un pacte infini.

Le choix d’Ismaël, en revanche, fut limité. Il y avait une raison derrière son choix. Il choisit parce que... « Parce que » est une limitation. C’est quelque chose de conditionnel, et donc d’éphémère.


Les empreintes digitales limitées d’un être humain n’ont pas leur place dans le monde d’un pacte infini.


C’est précisément ce choix qui est déplacé. Isaac, de son côté, dormit comme un bébé.


Il ne s’est pas interposé. C’est la seule façon que cela puisse marcher.


Pour toujours.

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